Le 15 septembre 2025 à 09h21
par Damien Malvetti

Les entreprises belges obtiennent des résultats insuffisants en matière de mobilité durable

Pour la première fois, le bureau de services RH Securex a dévoilé les résultats de son Indice de Mobilité, développé en tant qu’instrument pour les entreprises, dans le but de déterminer à quel point leur approche en matière de mobilité est durable. Les entreprises belges obtiennent un score moyen de 3,73, dont 10 est l’atteinte des objectifs fixés. Les entreprises situées à Bruxelles sont les mieux positionnées avec un score de 5,05, suivies par celles situées en Flandre (3,7) puis en Wallonie (3,2).

En 2024, Securex a développé l’indice de mobilité en collaboration avec Vias, l’institut de connaissances pour la mobilité et la sécurité routière, et avec le soutien du SPF Mobilité. L’indice de mobilité est un outil facile à utiliser pour les entreprises, qui résume en un seul chiffre la distance qui les sépare encore des objectifs régionaux en matière de mobilité. Sur la base des données disponibles, Securex a effectué pour la première fois le calcul détaillé pour 19.626 entreprises dans notre pays.

Écart important entre les entreprises bruxelloises et wallonnes ou flamandes

Le score moyen des entreprises belges est de 3,73. Les entreprises flamandes se situent autour de la moyenne (3,7), tandis que les entreprises bruxelloises obtiennent un score nettement supérieur, à 5,05. Les entreprises wallonnes affichent un score moyen de 3,2 : elles sont donc actuellement les plus éloignées des objectifs régionaux en matière de mobilité durable.

Trois entreprises belges sur quatre (76 %) obtiennent actuellement une note inférieure à 5. En Flandre, ce chiffre atteint 76,4 % et en Wallonie, plus de 82 % des entreprises obtiennent une note inférieure à 5. Bruxelles fait mieux, mais là aussi, plus de la moitié des entreprises (57,9 %) obtiennent une note inférieure à 5.
Les objectifs régionaux pourraient toutefois être réalisables. Aujourd’hui, une entreprise sur huit en Belgique obtient une note de 10 ou plus. Mais pour accélérer la transition vers une mobilité durable, des mesures structurelles seront nécessaires pour soutenir les entreprises.
« Pour améliorer leur score, les entreprises peuvent miser sur l’électrification, opter pour des moyens de transport durables (modal shift) ou réduire le nombre de déplacements. Ces trois piliers sont équivalents et adaptables au contexte spécifique de chaque entreprise », explique Sien Van Overloop, Research Associate chez Securex. « Cependant, les investissements publics dans des infrastructures adaptées sont une condition sine qua non pour réussir : les entreprises ne peuvent y parvenir seules. »

De manière générale, les entreprises situées dans et autour des zones fortement urbanisées obtiennent de meilleurs scores : en Flandre, par exemple, Ostende (5,84), Gand (5,53) et Anvers (5,42) affichent des scores plus élevés. En Wallonie, les leaders sont Namur (4,37) et Verviers (4,26). C’est à Bruxelles que l’on trouve les scores les plus élevés : Saint-Gilles obtient le score le plus élevé (6,42), suivi d’Etterbeek (6,16) et de Bruxelles-Centre (5,83).

Ces scores plus élevés s’expliquent principalement par la meilleure infrastructure présente dans ces zones (infrastructure cyclable et/ou densité du réseau de transports publics).

Les différences régionales se reflètent dans les modalités

Les différences entre les régions soulignent l’importance d’investir dans les infrastructures adéquates. L’utilisation du vélo, les transports publics et l’écologisation du parc automobile restent les principaux points à améliorer.

L’accessibilité et la densité du réseau de transports publics à Bruxelles se traduisent par une utilisation importante : près d’un quart (23,4 %) des déplacements dans une entreprise moyenne à Bruxelles s’effectuent en transports publics. Dans les entreprises flamandes et wallonnes, cette moyenne est beaucoup plus faible, respectivement 2,8 % et 2,5 %.

La Flandre se distingue toutefois positivement en matière de vélo : dans une entreprise flamande moyenne, 10 % des trajets domicile-travail sont effectués à vélo, soit plus du double qu’à Bruxelles (4,1 %) et près de 7 fois plus qu’en Wallonie (1,5 %).

L’écologisation du parc automobile reste un défi pour toutes les régions. Bien que de plus en plus de véhicules de société électriques soient achetés, la part des déplacements effectués avec des moteurs à combustion reste élevée. Dans une entreprise belge moyenne, 13,9 % des trajets domicile-travail sont effectués avec un véhicule de société. 62,6 % de ces trajets sont encore effectués avec un moteur à combustion, contre 13,3 % avec des véhicules entièrement électriques et 24,1 % avec des véhicules hybrides.

Une approche intégrée et le soutien des autorités sont cruciaux

« La mobilité durable n’est pas une question d’une solution unique, mais d’un équilibre d’une combinaison d’initiatives », indique Sien Van Overloop. « Les résultats d’une entreprise en matière de mobilité durable dépendant fortement de la région où elle opère. C’est précisément là que réside la force de cet indice, qui identifie différents piliers. Dans certaines régions, il sera plus facile pour une entreprise de mettre en œuvre certains changements, par exemple grâce à un réseau de transports publics performant, tandis que dans d’autres régions, des améliorations pourront être obtenues plus rapidement en misant sur la réduction des déplacements.”

Les trajets domicile-travail ont un impact considérable tant sur l’environnement que sur la sécurité routière », souligne Annelies Develtere, responsable de recherche chez Vias Institute. « Pour réaliser un transfert modal concret, nous devons rendre les alternatives durables plus attrayantes, ce qui nécessite des investissements ciblés dans les infrastructures appropriées. Des études récentes sur les déplacements à vélo et à pied mettent en évidence plusieurs points importants : l’essor des vélos électriques, qui se déclinent en une grande variété de modèles, le faible sentiment de sécurité des usagers actifs de la route et l’importance cruciale d’infrastructures sûres, en particulier à grande vitesse, aux intersections et aux passages piétons. »

A propos de l'Indice de Mobilité

Dans quelle mesure les entreprises belges sont-elles durables en matière de déplacements domicile-travail ? Securex lance un nouvel indice de mobilité qui mesure ceci de manière détaillée. Cet indice résume en un seul chiffre la performance d’une entreprise ou d’une région au regard des objectifs climatiques et de mobilité de notre pays.

Un score, trois piliers. L’indice repose sur trois piliers importants :

  1. Électrification du parc automobile : combien de véhicules d’entreprise sont électriques ?
  2. Transition modale : passage à des modes de transport durables, tels que le train, le vélo, la mobilité partagée.
  3. Réduction des déplacements : combien de personnes travaillent à domicile ou à distance.

Ces trois éléments déterminent ensemble la durabilité des déplacements domicile-travail. En Belgique, il existe des objectifs fédéraux en matière d’électrification des véhicules de société. En ce qui concerne le transfert modal, les trois régions – la Flandre, Bruxelles et la Wallonie – ont chacune défini leur propre plan de transport et leurs propres objectifs. Il n’existe pas encore d’objectifs formels en matière de télétravail, mais étant donné que la réduction des déplacements constitue le troisième pilier de la mobilité durable au sens large, cet aspect a été explicitement pris en compte dans l’indice.

Tous ces objectifs ont été regroupés dans un modèle scientifiquement fondé. À chaque mode de transport est associée une émission de CO₂ basée sur le cycle de vie complet (de la production à la dégradation). Le modèle calcule ensuite la quantité de CO₂ qui serait émise si une entreprise respectait parfaitement les objectifs. C’est le point de référence : le cadre de référence auquel la réalité des entreprises est comparée.

Pour chaque entreprise, la répartition réelle des trajets domicile-travail est ensuite associée aux mêmes valeurs de CO₂. Une entreprise dont le mix de mobilité génère des émissions de CO₂ égales ou inférieures à celles de l’indice de référence obtient un score de 10 ou plus. Plus l’écart par rapport aux objectifs est important, plus le score est faible.

Un avantage important de cette approche est sa flexibilité : les entreprises ne sont pas obligées d’avoir exactement le même mix de mobilité que les objectifs fixés. Par exemple, s’il n’y a pas de transports publics disponibles, une entreprise peut obtenir le même résultat en autorisant davantage le télétravail et/ou en encourageant l’utilisation du vélo. De cette manière, l’indice tient compte de la réalité des entreprises, tout en mesurant objectivement si les objectifs politiques sont réalisables.

Un exemple fictif

Une PME flamande compte dix employés. 20 % des trajets domicile-travail sont effectués à vélo, 80 % en voiture. L’indice de mobilité de cette PME est de 3,7, soit bien en dessous du score cible de 10.

En fonction du contexte de l’entreprise et des employés, il existe différentes pistes pour augmenter significativement ce score.

Si l’entreprise n’a pas accès aux transports en commun en raison de son emplacement, elle peut envisager le leasing de vélos. De nos jours, il existe un vélo pour chaque type d’utilisateur : de l’utilisateur sportif qui doit parcourir des distances un peu plus longues au parent qui dépose d’abord ses enfants à l’école et qui a donc plutôt besoin d’un vélo cargo. Si deux employés de cette PME passent de la voiture au vélo et l’utilisent de manière systématique, le score de cette entreprise passe à 7,3.

Une autre possibilité consiste à organiser de manière structurelle des journées de télétravail. Si chaque employé de cette PME travaille un jour par semaine à domicile, le score de mobilité sera de 6,9.

La mise en oeuvre de ces deux mesures conduit à un score de 9,7. En d’autres termes, il n’existe pas de mesures « universelles » dans ce domaine. Il est donc essentiel d’impliquer les employés afin que les mesures bien intentionnées n’échouent pas.

A propos de l'enquête

L’indice de mobilité repose sur des données dont Securex dispose directement en tant que secrétariat social. Pour cette étude, l’indice de mobilité a été calculé pour 19 626 entreprises qui emploient au total 207 184 travailleurs. Afin d’obtenir un score représentatif pour la Belgique, un facteur de pondération a été appliqué pour les régions (Bruxelles, Flandre et Wallonie). Pour calculer l’indice de mobilité, Securex a utilisé d’une part des données informatives (par exemple, lorsqu’un travailleur ne reçoit pas d’indemnité pour ses déplacements domicile-travail) et, d’autre part, des données issues du traitement des salaires. Comme les indemnités sont liées au mode de transport choisi (indemnité vélo, indemnité kilométrique voiture, abonnements aux transports publics, etc.), la répartition des trajets domicile-travail par entreprise peut être cartographiée de manière très précise. Cette approche permet d’obtenir une vue d’ensemble sur une année complète et au niveau quotidien de la manière dont les travailleurs se déplacent, ce qui confère à l’indice de mobilité un caractère unique et fiable.

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.
Cet article parle de : Actus
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