Le 22 août 2025 à 11h19
par Experts Expert

Recharger sans surcharger : l’art de gérer sa capacité électrique

La conduite électrique progresse à une vitesse fulgurante et occupe une place centrale dans la transition énergétique. Mais au moment même où cette croissance s’accélère, les défis deviennent visibles : l’électrification des transports entraîne des obstacles qui peuvent freiner l’ensemble de la transition énergétique. En particulier, l’utilisation simultanée de nombreux points de charge met le réseau électrique sous forte pression. Conséquences : pénuries de capacité, vitesses de charge plus lentes et coûts plus élevés pour les exploitants de bornes (CPO) en raison des pics de consommation. Autrefois, la solution était simple : demander un raccordement plus puissant pour garantir suffisamment d’électricité pour la recharge. Aujourd’hui, les délais d’attente sont si longs que cette option n’est plus réaliste pour de nombreuses entreprises. De plus en plus, il devient clair que pour charger de manière durable, il faut optimiser la capacité déjà disponible. Grâce à la gestion énergétique, il est possible d’en tirer le maximum — sans coûts exorbitants, sans surcharger le réseau et surtout sans devoir attendre indéfiniment. Jordi Steenman (Country Manager Benelux de Reev) explique comment tirer le meilleur parti de son énergie.

Une infrastructure de recharge bien pensée

La gestion intelligente de l’énergie consiste à répartir correctement la charge entre les différentes phases. Dans les bâtiments équipés de plusieurs bornes, le courant passe généralement par un tableau principal (HV), puis vers des sous-tableaux (OV), eux-mêmes parfois connectés à d’autres. Ce schéma est typique des infrastructures de recharge conçues pour évoluer.

Chaque sous-tableau dispose d’une capacité maximale à ne pas dépasser. Il est donc essentiel de répartir la consommation non seulement entre les différents OV, mais aussi de manière équilibrée entre les trois phases — si l’on fonctionne en triphasé. Sinon, un déséquilibre peut endommager l’infrastructure.

Ce problème est particulièrement présent avec les hybrides rechargeables (PHEV) et certains véhicules 100 % électriques (BEV), qui se chargent souvent sur plusieurs phases en même temps, entraînant un déséquilibre automatique. Les risques dépendent de la structure du réseau et du nombre de bornes raccordées :

  • Si le neutre doit compenser le déséquilibre des phases, une capacité de charge élevée peut causer des dommages thermiques ou des pannes réseau.

  • Des charges différentes par phase peuvent provoquer des baisses de tension, risquant d’endommager les appareils électroniques du bâtiment et l’infrastructure de recharge.

  • Une répartition inégale peut aussi déclencher à tort certains dispositifs de sécurité, comme les disjoncteurs différentiels.

Sans gestion énergétique intelligente, ces risques finiront tôt ou tard par perturber le système de recharge, avec des dommages imprévisibles.

Optimiser la capacité de recharge

C’est ici qu’intervient le système de gestion énergétique (EMS). Il permet d’éviter la surcharge des tableaux et des phases, en redistribuant intelligemment la charge. L’EMS peut être câblé, avec des connexions physiques vers chaque borne, ou basé sur le cloud, pilotant l’ensemble via un système en ligne. Cette seconde option est particulièrement intéressante pour les infrastructures moyennes à grandes, car elle permet de gérer facilement des centaines de bornes sans un enchevêtrement de câbles.

L’EMS peut gérer la charge de deux manières : statique ou dynamique. Les deux méthodes évitent les déséquilibres et les surcharges, mais avec une différence majeure. La gestion statique fixe une capacité (kWh/ampères) pour un groupe de bornes, ensuite partagée entre elles. La gestion dynamique est plus flexible, car elle prend aussi en compte les autres consommations du réseau (bâtiment, équipements, etc.) et ajuste la puissance de charge en conséquence. Pour ce type de pilotage dynamique via un EMS cloud, un compteur d’énergie supplémentaire est nécessaire afin de mesurer en continu la consommation du réseau local.

Pleine puissance en avant

Au-delà de la protection de l’infrastructure, un EMS améliore également l’expérience de recharge. Les conducteurs de véhicules électriques n’ont pas tous les mêmes besoins, et un EMS peut en tenir compte. Il est par exemple possible de prioriser certains points de charge, utilisateurs ou groupes d’utilisateurs, afin d’adapter la capacité en fonction des priorités. On peut ainsi accorder la priorité à certains véhicules de flotte qui doivent repartir rapidement.

Enfin, un regard vers l’avenir : si la conduite électrique est déjà durable, la recharge peut l’être encore davantage. Aujourd’hui, un véhicule se recharge « à l’aveugle » avec l’électricité disponible, qu’elle soit verte ou grise. Demain, il sera possible de piloter activement la recharge pour qu’elle corresponde mieux aux moments de production d’énergies renouvelables.

Conclusion

La transition vers la mobilité électrique est indispensable à la transition énergétique. Mais pour maintenir l’élan, des solutions intelligentes et abordables sont cruciales. La généralisation des systèmes de gestion énergétique permet d’exploiter au mieux les raccordements existants, d’éviter une surcharge supplémentaire du réseau et de continuer à progresser vers une mobilité plus durable.

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