Le 30 juillet 2025 à 11h34
par Maxime Pasture

Vers 100% de VE pour les loueurs dès 2030 : qu’en pense Renta ?

Il semble que la Commission européenne souhaite obliger les loueurs à n’acheter que des voitures entièrement électriques dès 2030. Nous avons demandé à Stijn Blanckaert, directeur général de Renta, quelle était la position de la fédération belge des loueurs de véhicules.

La Commission européenne envisagerait d’imposer aux grandes flottes et aux sociétés de leasing l’obligation d’acheter uniquement des voitures entièrement électriques à partir de 2030 (au lieu de 2035). L’objectif serait de rendre le marché de l’occasion des véhicules électriques (VE) plus attractif pour les particuliers. Renta, tout comme la fédération européenne Leaseurope, s’oppose à un tel durcissement, comme l’a confirmé Stijn Blanckaert. La fédération belge demande au gouvernement fédéral de prendre une position claire.

Inquiétudes

« Ces projets créent beaucoup d’inquiétudes dans notre secteur au niveau européen. Avec Leaseurope, la fédération qui regroupe les sociétés de leasing et de location, nous nous y opposons », explique Blanckaert. « Car même si cela semble peut-être réalisable pour les flottes d’entreprise en Belgique, la situation est tout autre à l’échelle européenne, sans parler de la réalité du secteur de la location de courte durée, tant en Belgique qu’en Europe. »

« Ces plans ne sont pas soutenus par une majorité au Parlement européen », poursuit Blanckaert. « Les États membres sont également divisés. L’Allemagne, l’Autriche, la Tchéquie, la Bulgarie, la Finlande, l’Italie, la Roumanie et la Slovaquie, entre autres, ont déjà clairement fait savoir qu’ils ne soutiennent pas une telle obligation. Nous demandons donc au gouvernement fédéral belge de prendre une position claire et de se prononcer contre cette obligation anticipée, comme l’ont fait ces pays. »

© Stijn Blanckaert, algemeen directeur van Renta

Ralentir la transition au lieu de l'accélérer

Selon Renta, « imposer l’achat de véhicules à zéro émission ne contribuera en rien à augmenter la demande des clients, à mettre en place les bonnes incitations, ni à mettre en place de bonnes conditions. »

« Ces obligations vont considérablement ralentir la transition vers une mobilité sans émissions au lieu de l’accélérer. Elles prolongeront la durée de vie des véhicules, décourageront leur achat et feront baisser la valeur résiduelle, ce qui entravera tant le marché primaire que secondaire. »

Des conséquences désastreuses ?

Obliger les propriétaires de flottes à passer de manière anticipée à l’électrique à l’échelle européenne aurait un impact désastreux sur la rentabilité du secteur du leasing et de la location. Renta identifie plusieurs conséquences :

  • le ralentissement de l’achat de nouveaux véhicules ;
  • des valeurs résiduelles instables et faibles rendant le financement plus difficile et entraînant des hausses de prix ;
  • l’allongement de la durée d’utilisation des véhicules ralentissant le renouvellement des flottes ;
  • l’effondrement du marché de la location de courte durée.

« Pour le marché de la location de courte durée, cette obligation serait encore plus désastreuse que pour la location à long terme », ajoute Blanckaert. « À cause du manque de connaissances et de l’absence d’infrastructures de recharge locales, les clients de courte durée refusent souvent les véhicules électriques. Si seuls ces véhicules sont disponibles avant que l’infrastructure ne soit prête, cela entraînera un effondrement du marché. »

Plusieurs conditions de base doivent être réunies

Renta insiste sur la nécessité d’instaurer des mesures de soutien pour rendre la transition possible : « Cela inclut des incitations fiscales durables et une infrastructure de recharge publique suffisante avec des tarifs transparents et abordables. Notre pays, surtout la Flandre, ainsi que les Pays-Bas et l’Allemagne, disposent de bornes de recharge, mais plus on va vers le sud ou l’est, plus la situation se détériore. Par ailleurs, les réseaux électriques à travers l’Europe ne seront pas encore adaptés d’ici 2030. »

Cette mesure risque également de ralentir fortement le marché des véhicules neufs : « Les entreprises qui ne sont pas prêtes à électrifier leur flotte retarderont leur renouvellement, ce qui augmentera l’âge moyen des flottes. Cela nuit au marché automobile, à l’industrie, et ralentit la réduction des émissions. »

Un marché de l'occasion perturbé

Renta estime également qu’imposer cette obligation sans un marché de l’occasion viable (celui-ci visant les particuliers) n’est pas souhaitable : « La revente des véhicules après le contrat deviendra très difficile, entraînant de faibles valeurs résiduelles et donc des loyers plus élevés. Si cela se produit à l’échelle européenne, ce sera très dommageable pour l’économie. »

« Atteindre l’objectif de 2035 est déjà difficile », souligne Blanckaert, « mais 2030 est totalement irréaliste. Leaseurope a commandé une étude qui montre qu’une telle obligation pourrait coûter jusqu’à 30 milliards d’euros au secteur de la location automobile, mettant en péril sa survie. »

En conclusion

Pour accélérer la transition vers les véhicules sans émissions dans les flottes d’entreprise, Renta et Leaseurope recommandent de se concentrer avant tout sur le développement des conditions nécessaires. Lesquelles ? Le développement de l’infrastructure de recharge, des investissements dans la capacité des réseaux électriques et du soutien au marché de l’occasion via des incitations fiscales pluriannuelles.

La fédération insiste également sur la nécessité d’un cadre réglementaire et fiscal cohérent et stable, qui favorise les investissements dans les VE pour tous les acteurs. L’exemple de la Norvège, leader mondial dans ce domaine, prouve qu’un cadre stable et durable est essentiel pour atteindre et maintenir des taux d’adoption de VE élevés .

Enfin, Renta rappelle que le cadre européen doit aussi prendre en compte la diversité des utilisateurs, particuliers et professionnels, aux besoins de mobilité et situations financières variés, et à des stades différents de transition.

« Cette approche conjointe, progressive et holistique permettra d’atteindre les objectifs de verdissement des flottes, mais surtout les objectifs de décarbonation », conclut Stijn Blanckaert.

 

Maxime Pasture, avec Kevin Kersemans

Maxime Pasture

Maxime Pasture, rédacteur de cet article

Journaliste de formation, Maxime est très curieux mais surtout passionné d'automobile. Sa curiosité l'amène à traiter de sujets divers et variés liés à la mobilité au sens large et bien plus encore !

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