Le 1 juillet 2025 à 15h14
par Kevin Kersemans

Joris Spigt (Mobility Solutions by D’Ieteren): “Notre marché est dirigé par la législation et la fiscalité”

Le 24 juin dernier, D’Ieteren Automotive a tenu son D’Ieteren Experience Day. Joris Spigt, directeur de Mobility Solutions by D’Ieteren, a profité de l’occasion pour faire le point sur l’entreprise et pour donner son point de vue sur quelques points d’actualité.

D’Ieteren fête son 220e anniversaire. Une bonne raison pour faire la fête. C’est ainsi que les participants au D’Ieteren Experience Event ont notamment eu l’occasion de prendre le volant de véhicules historiques issus de la collection de la D’Ieteren Gallery. Parmi ceux-ci une Volkswagen Polo de 1978 ou un T2, de l’incroyable XL1 à une Porsche 912 de 1967. Plusieurs modèles actuels étaient également proposés pour de (courts) essais.

Mais en 2025, l’entreprise est bien plus qu’un importateur automobile, avec des activités qui s’articulent autour de 6 piliers: « voitures neuves et d’occasion », « vélos » (sous le nom de Lucien), « mobilité urbaine et partagée » (Poppy, Taxis Verts et Husk), “innovation” (Ush et Microlino), “énergie” (D’Ieteren Energy, né de la fusion d’EDI et Go-Solar) et enfin “business services”, qui se compose de Volkswagen D’Ieteren Finance, Joule, mbrella et Mobility Solutions by D’Ieteren.

A propos des PHEV’s

Joris Spigt est le directeur de ce dernier pilier et a partagé quelques réflexions lors de la D’Ieteren Experience Day. Ce que l’on retient avant tout, c’est que le secteur automobile a un besoin urgent de clarté, en référence au récent fiasco des PHEV orchestré par le gouvernement fédéral : « Les grandes flottes ont pris le virage de l’électrique et ne feront pas marche arrière. Les indépendants, en revanche, optent encore régulièrement pour les PHEV ; il existe donc encore un marché pour ce type de véhicules. L’incertitude à laquelle nous avons été confrontés pendant des mois n’a en rien aidé le secteur. »

« Que le régime fiscal favorable pour les hybrides rechargeables soit prolongé pour tout le monde ou uniquement pour les indépendants (ce qui a finalement été décidé, ndlr), l’essentiel, c’est de savoir à quoi s’en tenir. Adapter une chaîne de production ne se fait pas en trois ou quatre semaines, et de toute façon, le groupe VW n’adaptera pas sa production à la fiscalité belge. Nous devons donc composer avec les produits que nous avons. Et cela inclut de nombreux modèles 100 % électriques, mais aussi des hybrides rechargeables. Ces derniers, les PHEV “2.0” si l’on veut, ont d’ailleurs beaucoup à offrir : avec une autonomie électrique de 120 km ou plus, ils permettent d’effectuer la grande majorité des trajets sans aucune émission. »

A propos de la vente de voitures

« Si l’on considère l’ensemble des marques du groupe D’Ieteren, la répartition entre les ventes fleet et les ventes à particuliers est actuellement de 63 % contre 37 %. Sur notre volume B2B, environ 70 % des ventes sont aujourd’hui des véhicules 100 % électriques. Et si l’on exclut les utilitaires légers (LCV), cette part grimpe même à 85 %. Du côté des clients particuliers, la part de marché des véhicules électriques à batterie (BEV) n’atteint toutefois que 5 %. En 2024, c’était un peu plus, mais depuis la suppression des primes flamandes, les particuliers sont moins enclins à opter pour un véhicule électrique. Notre marché est donc clairement guidé par la réglementation et la fiscalité. »

En ce qui concerne le marché automobile dans son ensemble, D’Ieteren s’attend à ce qu’il tourne en Belgique, dans les années à venir, plutôt autour des 400.000 véhicules par an, bien loin des 500.000 voire 550.000 que nous avons connus par le passé. Selon eux, cette époque ne reviendra plus. La possession automobile diminue au profit d’une logique davantage centrée sur l’usage.

A propos du shift de la possession à l'usage

Ce n’est donc pas un hasard si D’Ieteren investit, depuis 2018, dans d’autres services de mobilité, comme le service d’autopartage Poppy, qui serait, selon les informations, enfin rentable depuis environ deux ans. « Mois après mois, nous voyons le nombre de trajets Poppy augmenter. Les trajets en utilitaires légers (LCV) connaissent également une croissance exponentielle. Nous allons donc étoffer cette flotte, notamment grâce à des partenariats avec, par exemple, Brico, afin de positionner ces véhicules sur leurs parkings, étant donné qu’il n’y a pas de freefloating pour les utilitaires à Bruxelles. »

« Par ailleurs, avec My Pop, nous proposons désormais une formule d’abonnement mensuel permettant aux entreprises de louer temporairement une voiture. L’abonnement peut être interrompu à tout moment, ce qui est idéal, par exemple, lorsqu’elles ont besoin d’un véhicule de transition pour un nouvel employé. »

“Nous avons la chance que D’Ieteren est une entreprise qui tourne et que nous sommes donc en mesure d’investir dans ce qui nous permet de conforter notre rôle de pionnier. Regardez Ush par exemple, qui est actuellement actif au Port d’Anvers avec deux véhicules conduits par des conducteurs à distance. Un service que nous aimerions étendre aux véhicules électriques de Poppy, mais il n’est pas simple d’obtenir les certifications nécessaires. Cela montre encore une fois que  notre business est dirigé uniquement par des réglementations, ce qui freine parfois le progrès. »

Kevin Kersemans

Kevin Kersemans, rédacteur de cet article

Kevin Kersemans est journaliste automobile avec plusieurs décennies d’expérience au compteur. Sa passion pour les voitures et tout ce qui fonctionne sur roues remonte à son enfance. Pour link2fleet, Kevin suit principalement l’actualité automobile et teste les dernières nouveautés.
Cet article parle de : Actus , Mobilité , Importateurs et constructeurs
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