Les entreprises belges ouvrent la voie dans la transition vers la conduite électrique, mais les particuliers restent à la traîne
Actuellement, 34 % des flottes d’entreprises sont entièrement électriques, et 18 % supplémentaires prévoient une électrification complète d’ici 2026. Parallèlement, le marché privé accuse un important retard. Le budget mobilité présente un fort potentiel, mais il est actuellement sous-utilisé. Ce sont là quelques-unes des conclusions d’une étude menée par Profacts pour le compte de Mediafin Intelligence, auprès de 200 entreprises et d’un échantillon représentatif de 1.000 Belges.
Avec l’interdiction totale des nouvelles voitures à moteur thermique prévue pour 2035 et la suppression des avantages fiscaux pour les voitures de société à partir de 2026, la transition vers la mobilité électrique en Belgique n’est plus un choix, mais une nécessité. De nouvelles données du bureau d’études de marché Profacts révèlent que les flottes d’entreprise sont bien engagées dans cette transition, tandis que les conducteurs particuliers restent à la traîne.
Actuellement, 34% des flottes d’entreprise sont entièrement électriques, et 18% supplémentaires prévoient une électrification complète d’ici 2026. Bien que les hybrides rechargeables perdent du terrain, l’enquête indique que 17 % des entreprises envisagent encore de commander de nouveaux modèles hybrides au cours des deux prochaines années. Une estimation prudente laisse penser que 50% des parcs automobiles seront entièrement électriques d’ici la fin de 2026.
Dans le même temps, le marché des particuliers reste à la traîne. Aujourd’hui, seulement 10% des voitures en circulation sont entièrement électriques, dont deux tiers sont des véhicules de société. Les voitures de société sont donc bien plus souvent électriques (31%) que les voitures particulières (4%).
Autre fait marquant : seulement 12% des particuliers possédant actuellement une voiture thermique sont certains que leur prochain véhicule sera 100% électrique, tandis que près d’un tiers rejette catégoriquement cette idée.
L’histoire de l’électrification en Belgique est clairement pilotée du haut vers le bas. Les politiques publiques, les stratégies de flotte et les incitants fiscaux encouragent la transition au sein des entreprises, tandis que les conducteurs particuliers restent freinés par le prix d’achat élevé des véhicules électriques. Il reste à les convaincre que les coûts d’entretien d’une voiture électrique sont nettement inférieurs.
L’infrastructure de recharge reste problématique
Outre la crainte bien connue d’une autonomie trop limitée, le coût de la recharge rapide et les contraintes liées à la recharge à domicile sont les principaux obstacles mentionnés. Alors que 77% des propriétaires particuliers rechargent leur véhicule chez eux, ce n’est le cas que pour 43 % des conducteurs de voitures de société électriques. Ces derniers dépendent beaucoup plus souvent des bornes installées sur leur lieu de travail (85%) ou de l’infrastructure publique (85%).
Cette répartition déséquilibrée montre qu’une extension plus large de l’infrastructure de recharge dans les zones résidentielles est essentielle pour soutenir durablement la croissance du parc de véhicules électriques, en particulier des voitures de société.
Besoin de clarté et de standardisation
Entreprises et consommateurs réclament davantage d’investissements dans les solutions de recharge publiques et résidentielles, combinés à des systèmes de recharge intelligents et à des technologies capables de stabiliser le réseau électrique. Les entreprises, quant à elles, font également état d’une complexité administrative croissante et d’un manque de clarté concernant les directives fiscales et opérationnelles liées à l’électrification.
De grandes disparités subsistent en matière de financement de l’infrastructure de recharge, de prise en charge des coûts d’électricité et de modalités de remboursement. Malgré les directives existantes de la CREG, il est donc urgent d’instaurer davantage d’uniformité et de transparence.
Le budget mobilité gagne du terrain, mais son potentiel reste sous-exploité
Pas moins de 74% des entreprises belges comptant plus de dix employés proposent un budget mobilité. Pourtant, seuls 41% des bénéficiaires y ont effectivement recours. Lorsqu’on interroge directement les travailleurs, 39% déclarent utiliser ce budget, tandis que deux sur trois parmi ceux qui n’y ont pas accès souhaiteraient en bénéficier. Il existe donc un important potentiel encore sous-exploité. L’accent doit être mis sur la flexibilité, la facilité d’utilisation et la communication. Une communication claire sur les avantages et le fonctionnement du budget mobilité peut en accélérer l’adoption.
La conclusion générale de cette étude est donc claire :
« L’électrification des parcs automobiles s’accélère nettement : plus de la moitié des nouvelles voitures de société sont aujourd’hui électriques. Une estimation montre que d’ici fin 2026, la moitié des flottes pourrait être entièrement électrique. Le budget mobilité ne constitue pas un frein à cette évolution, mais peut au contraire devenir un puissant levier pour la transition vers l’électrique. » Carine Vaeremans, CEO de Profacts
« La transition vers l’électrique s’apparente davantage à un marathon qu’à un sprint. Toutefois, avec l’interdiction des moteurs à combustion prévue pour 2035, le passage à la mobilité électrique n’est plus une option. Une administration simplifiée et une infrastructure de recharge intelligente seront essentielles pour atteindre cet objectif à l’horizon 2035. » Bart Gunst, Mediafin Intelligence.
