La Belgique franchit le cap des 100.000 points de recharge publics et vise un doublement d’ici 2030

Il y a à peine dix ans, les véhicules électriques restaient confidentiels en Belgique, et les bornes de recharge publiques étaient quasi inexistantes. Aujourd’hui, le pays dénombre non seulement 100.000 points de recharge, mais aussi plus de 380.000 voitures particulières 100 % électriques.

Avec ce résultat, la Belgique se hisse à la 3e place en Europe en matière d’infrastructures de recharge par habitant. Une progression rendue possible par la combinaison de plusieurs facteurs :

• Investissements des gestionnaires de réseau,

• Innovation portée par les entreprises belges,

• Politiques publiques volontaristes, soutenues par la réglementation européenne (AFIR et EPBD).

Pour Philippe Vangeel, directeur d’EV Belgium, “le passage des 100.000 bornes publiques n’est pas un aboutissement, mais une preuve que la collaboration paie. Comme le smartphone en son temps, la voiture électrique est désormais entrée dans le quotidien des Belges.”

Si la Belgique peut se féliciter de son avance, les défis restent nombreux. EV Belgium estime que le réseau devra doubler d’ici 2030 pour atteindre 220.000 bornes publiques. Cela nécessitera à la fois de lourds investissements et une coopération renforcée entre pouvoirs publics, acteurs énergétiques et constructeurs automobiles.

Les enjeux identifiés sont multiples :

• Optimiser la gestion énergétique grâce à la recharge intelligente et bidirectionnelle.

• Assurer l’accessibilité et la maîtrise des coûts pour tous les usagers.

• Accélérer l’électrification des véhicules utilitaires et poids lourds, où la Belgique reste en retard par rapport à ses voisins.

À ce titre, le secteur plaide pour des choix politiques clairs, notamment une fiscalité énergétique rééquilibrée. Selon le professeur Joeri Van Mierlo (VUB-MOBI), il s’agit de “diminuer la fiscalité sur l’électricité tout en augmentant légèrement les accises sur les carburants fossiles. Ce n’est pas une hausse de la pression fiscale, mais une réorientation vers un système plus juste et durable.”

Pour les entreprises et gestionnaires de flotte, cette évolution représente un signal fort.

• Infrastructure : avec 100.000 bornes publiques et une multiplication annoncée, les risques liés à l’autonomie et à la disponibilité des points de recharge diminuent fortement. Cela renforce l’attractivité du véhicule électrique pour les flottes.

• Fiscalité et TCO : si les réformes annoncées sur l’énergie se concrétisent, l’électricité deviendra plus compétitive par rapport aux carburants fossiles, réduisant encore le coût total de possession (TCO).

• Utilitaires : le retard sur l’électrification des fourgonnettes et camions reste un frein pour les secteurs logistiques et de services. Des incitations spécifiques seront nécessaires pour enclencher une bascule.

• Planification stratégique : les entreprises devront anticiper la montée en puissance des nouvelles technologies (recharge bidirectionnelle, smart charging) qui pourraient transformer la gestion de flotte et les interactions avec le réseau électrique.

La réussite belge dans l’électrification ne repose pas uniquement sur la technologie ou l’investissement, mais aussi sur la collaboration étroite entre acteurs publics et privés. C’est cette dynamique qu’EV Belgium et la VUB souhaitent prolonger pour relever les défis des prochaines années.

“La barre des 100.000 bornes n’est que le début”, rappelle Philippe Vangeel. “La route vers 2030 est ambitieuse, mais réalisable à condition de maintenir la même volonté collective.”