Le 7 août 2025 à 13h27
par Kevin Kersemans

Casestudy Mediahuis – « La clé de la réussite ? Informer et communiquer ! »

Chez Mediahuis, née en 2014 après la fusion des groupes d’édition Corelio (aujourd’hui Mediahuis Partners) et Concentra, on a très tôt pris le train de l’électrification. Mais encourager d’autres formes de mobilité est également un fer de lance important. Lors des link2fleet forum & awards, la responsable de la mobilité Sandra Eemans avait déjà gagné le graal en 2017 en remportant le titre de fleet & mobility owner of the year. Lors de l’édition 2024, elle a terminé à la deuxième place, mais a également pu remporter les Sustainable Project et Mobility Award. Comment elle et son équipe ont-ils réussi ce tour de force ?

link2fleet : Bonjour Sandra, comment vous sentiez-vous lorsque vous avez remporté le titre de fleet & mobility owner of the year l’an dernier ?

Sandra Eemans : « C’est d’abord une très belle reconnaissance du travail que nous réalisons ensemble au quotidien. De 2017 à aujourd’hui, l’évolution a été particulièrement rapide. Nous essayons d’anticiper ce qui se passe sur le marché et cette reconnaissance donne un très bon coup de pouce. Car même si nous nous portons bien et pouvons déjà présenter de beaux résultats, il y a encore du travail à faire. Mais environ 80 % de l’ensemble de notre flotte est aujourd’hui électrique. Dans ce domaine, il ne nous reste plus que quelques innovations à réaliser et nous aurons atteint notre objectif de 100 %. »

« Un conseil pour les gestionnaires de flotte : n’essayez pas de faire tout tout seul. », Sandra Eemans, Mobility Officer de Mediahuis.

l2f : Très bien. Quelle est la deadline pour ce projet ?

S.E. : « 2026. La seule raison pour laquelle nous n’y parviendrons pas totalement est qu’il y a trois ans, nous avons décidé tardivement d’opter pour des véhicules rechargeables en guise de transition vers des véhicules full électriques, ce qui est un peu regrettable, car il sont toujours dans notre flotte aujourd’hui. De temps en temps, nous demandons à la société de leasing combien cela coûterait de résilier ces contrats plus tôt, mais cela revient généralement plus cher et nous décidons alors de continuer à faire rouler ces voitures pendant un certain temps. Mais sinon, nous atteindrons certainement nos objectifs. »

l2f : Le fait que les véhicules plug-in hybrides soient à nouveau temporairement fiscalement intéressant aura-t-il un impact sur votre stratégie ?

S.E. : « Non, nous ne revenons pas sur nos décisions. En fait, nos collaborateurs sont également prêts à rouler en électrique. Certains demandent même s’ils peuvent rendre leur voiture plus tôt parce qu’ils veulent rouler en électrique. Nous avons également dessiné cette carte verte dans le cadre de notre projet de développement durable, et nous nous y tenons. »

l2f : A quoi devez-vous la victoire des Mobility et Sustainable Project Awards, selon vous ?

S.E. : « Chez Mediahuis, nous avons un projet de durabilité qui va bien au-delà de notre flotte. Comme nous l’avons dit, nous obtenons de bons résultats en ce qui concerne notre flotte, mais il s’agit aussi de la distribution de nos journaux, du chauffage de nos bâtiments, de l’utilisation d’applications et de serveurs, etc. Quelqu’un a vraiment été engagé pour déterminer où nous en sommes aujourd’hui au niveau du groupe en ce qui concerne nos émissions de CO2 et notre empreinte. Nous avons encore du pain sur la planche, mais nous nous sommes également fixé des objectifs dans ce domaine, qui ont depuis été validés par l’initiative Science Based Targets (SBTi). Par exemple, nous voulons réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre dans l’ensemble de notre chaîne de valeur d’ici à 2050. Pour y parvenir, nous devons également nous pencher sur nos collaborations : si nos journaux sont distribués par une entreprise qui roule avec des diesels très polluants, cela va évidemment à l’encontre de notre projet. »

l2f : En ce qui concerne votre parc, avez-vous, à un moment donné, opté pour une stratégie d’unbundling de grande envergure et pourquoi ?

S.E. : « C’est un choix qui date de mes prédécesseurs. Les recherches menées à l’époque ont montré qu’il y avait un avantage financier à le faire, surtout en termes d’assurance. Si vous êtes assez fort en tant qu’entreprise pour couvrir l’omnium vous-même, et c’est le cas, c’est une économie importante pour une flotte comme la nôtre, qui compte près de 800 voitures. Je suis également favorable à ce que les bornes de recharge, par exemple, soient retirées des contrats de location, surtout si vous travaillez avec plusieurs entreprises. En revanche, je ne recommanderais pas nécessairement de dégrouper tout le reste, car cela entraîne de toute façon un surcroît de travail en interne. Il s’agit donc d’une question à laquelle vous devez réfléchir attentivement. »

l2f : Dans le dossier de canditature que vous avez remis pour les link2fleet awards, vous parliez des trois V. Vous pouvez nous en dire davantage ?

S.E. : « Ces V sont synonymes d’évitement, de durabilité et d’écologisation (vermijden, verduurzamen en vergroenen, en néerlandais, NDLR). Trois éléments qui font partie de notre vision de la mobilité depuis 2015. La règle de base est la suivante : évitez les déplacements, en travaillant à domicile, par exemple. Si vous devez quand même les effectuer, faites en sorte qu’ils soient durables, en optant pour des solutions alternatives. Enfin, s’il n’y a rien d’autre à faire que d’utiliser une voiture, qu’elle soit ‘verte’. »

« Certains de nos conducteurs sont demandeurs de passer à l’électrique plus rapidement que prévu. », Sandra Eemans, Mobility Officer de Mediahuis.

l2f : Mais il y a encore un quatrième ‘V’ auquel vous souhaitez accorder davantage d’importance ?

S.E. : « C’est vrai, c’est celui qui concerne la sécurité (Veiligheid en néerlandais, NDLR). Tout a commencé lorsque j’ai entendu une entreprise dire qu’elle envisageait de supprimer les speed pedelecs de son plan cafétéria parce qu’ils augmentaient le taux d’accidents. Mais si nous faisions cela, nous découragerions bien sûr les gens d’abandonner leur voiture pour venir au travail à vélo. En collaboration avec l’institut Vias, nous allons donc proposer une formation aux conducteurs de speed pedelecs. Et bien sûr, nous travaillons également sur la sensibilisation à l’alcool dans la circulation, par exemple. En outre, nous envisageons d’introduire un système de récompense pour les comportements de conduite sûrs. Mais bien sûr, cela implique que nous soyons en mesure d’extraire les bonnes informations de nos systèmes. »

l2f : Et c’est là que le bât blesse parfois ?

S.E. : « Je pense que la gestion des données est le plus grand défi du secteur à l’heure actuelle, avec les coûts de recharge. Il y a trop de partenaires qui ont des informations et il faut ensuite analyser et mettre en commun pour obtenir les données que l’on veut de son système. Ces différents partenaires devraient se parler encore davantage. C’est déjà le cas, mais pas encore de manière suffisamment détaillée. »

l2f : Pour conclure, que recommanderiez-vous aux entreprises qui commencent à s’engager sur la voie du développement durable ?

S.E. : « N’essayez pas de tout faire tout seul. Mettezvous à table avec des parties externes et entourez- vous de personnes compétentes. Stroohm, par exemple, est le partenaire de notre électrification, et pour la gestion de notre flotte, nous utilisons XPOfleet. Interrogez également vos collaborateurs pour savoir ce qu’ils en pensent. Et informez-les des possibilités, par exemple de la combinaison avec le budget de mobilité. Nous organisons des séances d’information à ce sujet. En fait, dans notre entreprise, environ 10 % des employés éligibles utilisent déjà le budget mobilité, et nous travaillons avec Olympus depuis environ quatre ans. Mais il faut aussi tenir les gens informés des projets en cours. Commencez également à tester les VE vous-même, afin de pouvoir communiquer correctement ce que c’est que de rouler en électrique. Autre point important, évident mais souvent négligé : assurez-vous d’avoir un lieu facilement accessible, afin que les gens aient également une alternative à la voiture… »

Kevin Kersemans

Kevin Kersemans, rédacteur de cet article

Kevin Kersemans est journaliste automobile avec plusieurs décennies d’expérience au compteur. Sa passion pour les voitures et tout ce qui fonctionne sur roues remonte à son enfance. Pour link2fleet, Kevin suit principalement l’actualité automobile et teste les dernières nouveautés.
Cet article parle de : Gestion de flotte

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