Fleet test DS N°8 : un véritable écrin à voyages

Après une année record en Belgique en 2022 et une autre bonne année en 2023, DS a beaucoup souffert en 2024. C’est le cas en Belgique, mais aussi plus globalement dans le monde. Les volumes de vente sont faibles, surtout par rapport aux concurrents premium allemands. Par exemple, en Belgique, on recensait 2.677 immatriculations en en 2022 contre 38.011 pour BMW (chiffres Febiac). Malgré plein de bonnes idées, DS n’arrive pas à convaincre un large public.

Cette DS N°8, modèle 100% électrique, arrive donc sur le marché avec beaucoup de pression : ça doit fonctionner. « Spoiler alert » : on peut déjà vous affirmer que DS a créé le modèle certainement le plus abouti, celui qui se démarque le plus de la concurrence. Faisons honneur à Jules Verne : on vous embarque en voyage afin de justifier notre affirmation.

Pour commencer, le design et la silhouette de cette DS ne ressemblent à aucune concurrente. Le rendu en photos ne vaut pas sa présence réelle. Une fois à côté de la N°8, vous ne pourrez que la remarquer. Encore un SUV allez-vous dire ? Eh bien non. La « Numéro » 8 ne mesure qu’1m58 de haut. Ses grandes jantes – de 19 à 21 pouces – donnent cette impression de SUV. Chez DS, on parle d’un « fastback ». Un peu comme pourrait l’être le Peugeot 3008, à la grosse différence près que le 3008 est plus haut de 6 cm.

Sa signature lumineuse verticale à l’arrière, ainsi que ses feux en trièdre, impressionnent. Elle a gardé une allure de concept-car. Le luxe, c’est savoir se démarquer. De ce côté, c’est mission réussie. Et encore… attendez de voir l’habitacle qui, en finition Jules Verne, donne une petite claque visuelle.

Formes, matériaux, techniques de surpiqures, volant unique sur le marché : l’habitacle de la DS N°8 est étonnamment rafraichissant. On admire chaque détail. Les panneaux de porte avant et arrière en Alcantara Bleu Éternel sont habillés de lignes et motifs célestes découpés au laser. L’aluminium bouchonné, évoquant les finitions des machines pensées par Jules Verne, court sur la planche de bord et les panneaux de portes. Citons encore les sièges en cuir nappa – chauffants, ventilés et massants – équipés d’un chauffe-nuque illuminé par un logo DS translucide rétro-éclairé à l’aspect cristal. N’oublions pas le toit panoramique en verre décoré de motifs évoquant à nouveau la conquête spatiale.

Bref, en finition Jules Verne tout particulièrement, cette DS N°8 est un véritable écrin à voyages, malgré un plancher un peu haut aux places arrière.

Avec la grosse batterie de 97 kWh et en roues avant motrices (FWD, front-wheel drive), les voyages seront plutôt de long cours avec une autonomie WLTP atteignant 750 km. En finition Jules Verne, comptez plutôt 692 km WLTP.

Dans tous les cas, lors de récents essais du constructeur, deux DS N°8 Étoile FWD Long Range ont relié Vélizy à Biscarrosse en empruntant exclusivement le réseau routier secondaire. Ce trajet-test, réalisé sans recharge intermédiaire, a permis d’atteindre 750 km, tout en conservant une capacité de batterie résiduelle confortable de plus de 50 km soit une autonomie théorique dépassant les 800 km. Ensuite, pour valider la promesse de 500 km d’autonomie sur autoroute, DS a mené une série de trajets-tests dans plusieurs pays européens. Résultat : entre 450 et 506 km parcourus. Et notre expérience là-dedans ? On y vient.

Notre version Long Range FWD embarque donc un moteur de 245 ch (280 ch en pic). Une version 4 roues motrices (350 ch/688 km) ainsi qu’une version à petite batterie de 74 kWh (230 ch/550 km) sont également disponibles.

Première observation : le volant, unique en son genre offre, de facto, une expérience de conduite inédite. Les 245 ch ne sont pas de trop pour une expérience premium à bord d’une voiture qui pèse aux alentours des 2,2 tonnes. Ensuite, concernant la conduite, il faut absolument mentionner la suspension « DS Active Scan » de série. Il s’agit d’un système d’amortissement variable relié à une caméra située en haut du pare-brise. Épaulée par divers capteurs, elle analyse la surface de la chaussée en quelques millisecondes, et transmet ses informations à un ordinateur qui agit sur chacune des roues. Verdict ? C’est véritablement notre seule « déception ». Les grandes jantes de 21 pouces y sont certainement pour quelque chose mais on s’attendait à moins ressentir les dégradations des routes belges qu’on sait en triste état. Si vous recherchez le confort « ultime », optez donc pour des jantes de 19 ou 20 pouces. Attention, cela ne veut nullement dire que cette DS N°8 n’est pas confortable. Elle l’est. Mais on s’attendait à « mieux » pour cette voyageuse au long cours, d’autant plus qu’au moment d’écrire cet essai, on se souvient du moelleux du Citroën ë-C5 Aircross. Pour le reste, le comportement routier convainc tout à fait.

Et concernant la consommation ? Elle tournait aux alentours des 17 kWh/100 km en début d’essai, avec une météo clémente. Mais avec une météo automnale, des trajets mixtes et une utilisation familiale, elle s’est rapidement approchée des 20 kWh/100 km. Résultat : nous avons parcouru 570 km avec une batterie pleine à laquelle on a rajouté une recharge de 10% et une autre de 40%, tout en conservant 90 km d’autonomie résiduelle (21% de batterie restante annoncée). Autrement dit, notre autonomie constatée, avec une conduite relativement détendue et 100% de batterie, s’est approchée de 440 km réels.

DS annonce un pic de 160 kW en charge rapide. Sur papier, cela équivaut donc à 27 minutes de charge pour récupérer de 20 à 80%. Mais, dans la pratique, comme déjà observé avec d’autres modèles du groupe Stellantis, les pics de recharge ne sont pas les plus performants du marché. Il nous a fallu 30 minutes de charge rapide pour gagner de 33 à 73% de batterie.

Le bilan est dans tous les cas très positif. Pour nous, cette DS N°8 est un aboutissement. Depuis le lancement de DS Automobiles en tant que marque indépendante en 2014, DS a fait du chemin et ça se ressent. Produit haut de gamme ? Oui. Expérience haut de gamme ? Oui. Si vous souhaitez jouer la carte de la différenciation, c’est absolument vers elle que vous devez vous tourner.

Seul hic : des tarifs assez élevés pour une marque qui doit encore travailler son image et convaincre le grand public. Prix de départ : sous les 50.000 € HTVA. Mais notre version Long Range avec grosse batterie en finition Jules Verne démarre à près de 64.000 € HTVA. En leasing (48 mois/80.000 km), cela se traduit par un loyer de 1.039 €/mois ainsi qu’un TCO2 de 1.333 €/mois. Si on opte pour le même pack moteur/batterie en finition inférieure Etoile, on peut s’en tirer avec environ 950 €/mois de loyer.