Publié le 13 novembre 2025 à 13:57
par Maxime Pasture

Le réseau électrique wallon est-il au bord de la rupture ?

L’opérateur de bornes de recharge à destination, Eranovum, organisait il y a peu une table ronde pour parler de son déploiement en Belgique et plus particulièrement en Wallonie. À cette occasion, un fameux obstacle a été mentionné : de nombreux projets d’installation de bornes sont fortement ralentis, voire même bloqués, faute de capacité de raccordement électrique suffisante.

Eranovum_novembre 2025

Arrivée début 2024 en Belgique, la société espagnole Eranovum continue son déploiement. Son créneau ? Opter délibérément pour des emplacements situés à des destinations stratégiques comme les restaurants, les supermarchés et les centres commerciaux ou sportifs, plutôt que les aires d’autoroute ou les parkings isolés. Son approche repose sur une solution de recharge à destination, où la vitesse de recharge est adaptée au lieu et au temps de stationnement prévu. À proximité d’un club de padel ou d’un terrain de sport, par exemple, le temps de recharge proposé serait de 1 à 2 heures, alors qu’il pourrait être de 15 minutes sur le parking d’un supermarché.

Entre succès et réseau saturé

Justement, c’est dans le club de padel Tero à Waterloo qu’Eranovum nous avait fixé rendez-vous. En effet, des points de recharge y ont été installés avec succès. Pour d’autres clients d’Eranovum, l’installation de stations de recharge semble parfois plus complexe. Lors de la soirée, on a pu entendre, de sources préférant ne pas être citées « À cause d’ORES, on n’a pas tout entre nos mains. Les délais de raccordement sont vraiment très longs ou, pire, nos demandes de raccordement restent parfois sans réponse ». Ceci mérite bien quelques explications, avec Tai Nguyen, Country Manager d’Eranovum :

« Récemment, lors des demandes de raccordement aux différents gestionnaires de réseau de distribution électrique, si on demande une puissance élevée (les bornes de charge rapide Eranovum ne dépassent pourtant pas les 150 kW, NDLR), nous avons constaté qu’ils nous renvoient vers Elia, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité à haute tension. Le problème est que nous avons très peu de visibilité sur les temps de réponse. Dès lors, les délais de nos projets en prennent un coup. »

l2f : Cela signifie que vous êtes bloqués dans vos développements, notamment en Wallonie ?

« Non, car en tant qu’acteur privé et responsable, notre but n’est pas de nous plaindre mais de chercher des solutions. On peut citer, par exemple, l’installation de plus petites stations avec moins de points de charge ou encore des bornes de puissance moindre. »

l2f : Il y a un manque de bornes de recharge en Wallonie mais vous nous expliquez que le réseau électrique wallon n’est pas capable de suivre la demande… Dès lors, comment voyez-vous l’avenir ?

« Je pense que l’infrastructure de recharge va se développer plus lentement que ce qu’on imaginait… »

Moment de vérité

Récemment, d’autres experts en réseau électrique, ont fait ce même triste constat. Citons notamment les propos de Damien Ernst, professeur à l’Université de Liège, interrogé par le magazine Auto Trends : « En Belgique, de nombreux projets sont aujourd’hui bloqués faute de capacité de raccordement électrique suffisante. Particuliers, PME et industriels demandent des puissances importantes, notamment pour installer des bornes de recharge, mais les gestionnaires de réseau ne peuvent plus suivre. (…) La crise actuelle résulte d’une mauvaise planification du réseau électrique : les investissements ont été insuffisants, tardifs et mal orientés technologiquement. Résultat : le réseau est saturé, incapable d’accueillir de nouvelles installations. Cette situation devient critique alors même que l’on pousse vers une électrification massive du parc automobile, notamment via la fin des voitures thermiques de société. »

Pour divers acteurs, on arrive tout doucement au moment de vérité, notamment en Wallonie. Réussira-t-on la transition vers le 100% électrique ou est-elle tout simplement irréaliste ? Les politiques – au niveau belge mais aussi européen – se donnent-ils les moyens de leurs ambitions ?

Maxime Pasture

Maxime Pasture, rédacteur de cet article

Journaliste de formation, Maxime est très curieux mais surtout passionné d'automobile. Sa curiosité l'amène à traiter de sujets divers et variés liés à la mobilité au sens large et bien plus encore !

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